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Mon récit d'accouchement


Mercredi 30 octobre 2019 au soir, petit tour aux toilettes : *%@*! C'est quoi ce papier qui reste collé à ma teuch ! "Euh, mon coeur, je crois que j'ai perdu le bouchon muqueux." Ni une, ni deux, nous voilà, en train d'observer cette chose gluante, presque heureuses : Il se passe enfin quelque chose dans ce corps . Jeudi 31 octobre, 2h30 du matin : Comme souvent, je me réveille. Des petites contractions dans le dos me sortent de mon sommeil. Mais je me sens humide. Je pars aux toilettes et découvre des pertes rosées. Je sais que ce n'est rien, mais j'ai peur, j'ai le palpitant. Je réveille Charlotte. Elle passe un petit coup de fil à la maternité, qui nous rassure. Ils nous proposent de surveiller les prochaines heures et à la moindre inquiétude, nous pouvons y passer... Nous arrivons tant bien que mal à retrouver le sommeil.


Vendredi 1er novembre : Quelques contractions m'accompagnent au fil de la journée. Je suis contente qu'aujourd'hui soit un jour férié. Cha est à mes côtés. On en parle pas, mais on se prépare petit à petit. Je sais pas si je le ressens au fond de moi, mais je me doute que les choses ne vont pas tarder. A quelques heures du terme, en même temps, il faudrait peut être se lancer. Alors, nous voilà, un jour férié, cheveux propres, habillées, dans l'attente, presque blasées que rien ne se passe. 19h: Je repars prendre une petite douche, prends 2 spasfons. Les contractions sont légères mais commencent à me chatouiller ... je suis presque soulagée de les ressentir après une semaine de calme plat. " Je ne pense pas que ce soit des vraies ! La sage-femme nous a prévenu. Quand c'est les vraies, ça se voit ! " me dit Charlotte en m'observant. Le temps est long... je propose à Cha de faire un petit Yamm pour nous occuper en attendant de manger et d'aller encore une fois nous coucher sans que rien ne se passe. 19h35: Installée sur mon ballon, prête à lancer mes dés, une douleur me brûle le bas du ventre, et le dos, je ne peux plus bouger, comme tétanisée sur place. Je respire ... C est long... C est donc ça une contraction de travail. " Euh, mon coeur, plus jamais je ne m'assois sur ce ballon ! Je le sens pas cette histoire, si je dois vivre ça toutes les 3 minutes, je ne survivrai pas... et puis je vais me vider, j ai l impression de vivre une gastro éclair... mon coeur... j'aime pas ça ". Nous finissons notre partie de yamm. J'ai pas vraiment faim mais je demande à Cha de préparer à manger... On laisse tomber le petit repas prévu à l'origine. " On se fait une assiette de pâtes si tu veux..." repas du guerrier. Des petites contractions m'accompagnent mais rien de très violent. Je propose à Cha de finir les valises après manger, pour ensuite regarder la télé et faire comme si de rien n'était avec Peach. Ce soir, il y a une nouvelle émission, la chanson secrète. Ca me permettra de tenir. I 21h03: Une nouvelle contraction arrive. J'ai mal au ventre, j'ai besoin d'aller aux toilettes, j'ai besoin de pousser. J'arrive avec difficultés aux wc, mais je suis incapable de m'asseoir, je reste douloureuse, accrochée aux murs, attendant que ça passe... " Mon coeur, on fait les valises rapidement, on n'attendra pas 2h. Je ne pourrais pas." On essaie de faire les valises discrètement pour ne pas inquiéter Peach. J'entends Slimane, je voulais pourtant voir son passage, mais je n'ai plus vraiment la tête à ça. J'essaie de jouer avec Peach entre 2 allers retours aux wc, et les contractions, qui elles se rapprochent de plus en plus. Je m'habitue à la douleur, je respire et me répète : " la douleur est éphémère, accueille la, tu vas y arriver, ne te crispe pas". Cha appelle la maternité pour les prévenir de notre arrivée et ment un peu : " oui, elle a pris un bain, des spasfons... Oui elle a des contractions rapprochées depuis 2h ..." 22h30: Nous sommes prêtes. J'ai peur et me met à pleurer. J'ai peur d'aller là bas pour rien... j'ai peur que ça aille trop vite ... peu importe le scénario, j'ai peur. Je pleure un bon coup dans les bras de Charlotte. " Mon coeur, tout va bien et tout va bien se passer". Son regard m'apaise et me rassure… Nous montons dans la voiture, la position assise n'est pas la plus agréable, mais j'ai pas le choix. Nous prenons le chemin de la maternité. J'appréhendais la partie sur l'autoroute, mais finalement, ça roule bien. Les 40 min de trajet se passe bien. Nous ne parlons pas. Chacune fait ce qu'elle a à faire. Les contractions se sont désormais tellement rapprochées que je ne les note même plus. Je suis dans ma bulle, reste concentrée et gère les douleurs. Nous arrivons... je demande à Charlotte quelques secondes pour respirer et trouver du courage pour me lancer dans la suite de cette aventure. Un dernier regard sur l'heure : 23h15. C'est parti… A pas de tortue, nous arrivons à l'accueil des urgences. Elle prévient la maternité de mon arrivée. Les gens nous observent. Enfin surtout moi refusant de m'asseoir. Je me sens mieux debout, contre ce comptoir. Je serre les dents et tente de bien paraître devant tout ce petit monde bien plus attiré par la femme en plein travail que je suis que BFM TV. Une sage femme arrive, enfin, avec un fauteuil roulant. J'ai envie de pleurer, je ne veux pas m'asseoir dans ça. Je ne suis pas malade ! Mais je n'ai pas assez de force pour communiquer. La position assise est détestable, les vibrations sur le sol... Mais en quelques minutes, me voilà accueillie par une nouvelle sage femme dans la salle de pré-travail... celle qui m'accompagnera durant tout notre accouchement. Tout le monde me pose des questions, ce qui m'empêche de rester dans ma bulle, alors les douleurs s'amplifient. La sage femme m'explique que nous allons faire un monito, et me demande si je veux un contrôle du col avant. oui, oui, oui ! Vas y ! Enchaîne stp ... " Et bien, vous êtes déjà à 3 ! Si vous voulez la péridurale, on peut déjà la poser." J'hésite, je sais que je serai capable de supporter encore des contractions mais accoucher sans péridurale n'a jamais été mon projet; et j'ai trop peur d'attendre et de me retrouver sans, alors j'accepte. Elle me propose de faire un petit passage aux toilettes avant la pose de la péridurale. Je traverse les couloirs dans la douleur, les mains sur les fesses, m'excusant à tout va, que je vais me faire dessus. Dans la réalité, je n ai rien à évacuer, mais cette sensation qui pousse dans les fesses, en toute objectivité, il faut se le dire, on la connaît que dans la situation de la gastro incontrôlable.


Je m'installe tant bien que mal sur le lit, me déshabille et enfile ma tenue de guerrière. La clinique nous autorise à accoucher dans la tenue qu'on veut. J'ai passé plusieurs semaines à m'agacer de ne pas savoir quoi choisir, quoi acheter. Puis, je me suis dit que je pouvais peut être portée quelque chose qui m'appartenait vraiment. C'était évident que ce serait cette tunique. Achetée dans un magasin de bord de plage avec mes meilleures amies. Cette robe que j'ai porté des milliers de fois, que ce soit à 80kg ou à 50kg, à la maison, ou à la plage, enceinte ou pas. Elle représentait parfaitement la tenue dans laquelle je me sentais à l'aise. Une sage femme me fait une prise de sang. Charlotte me propose de boire un peu d'eau... simple subterfuge pour s'éloigner et s'asseoir. " ça va Madame ? Couchez vous par terre, jambes en l'air !!! ". Je tourne la tête et rigole de voir Cha tourner de l'oeil. Les sages femmes passent nous voir, pour rigoler un bon coup toutes ensemble. Entre moi qui répète à qui veut bien l'entendre que j'ai peur et Cha, blanche comme un cul, je ne peux m'empêcher de m'excuser pour notre " équipe de guignols".

00h45 : L'anesthésiste arrive, Cha quitte la pièce. Je demande à la sage femme si elle peut respirer avec moi pour m'aider à contenir ma peur et gérer mes contractions qui ne me laissent plus aucun répit. La péridurale est posée aussi rapidement qu'elle agit. Ça y est, je n'ai plus mal, mais malheureusement la péridurale n'arrête pas la peur.


1h35 : La gynéco vient se présenter, c'est elle qui m'accouchera. Elle a l'air douce, ça me rassure. Elle est accompagnée de la sage femme. Je leur explique que j'ai vraiment l'impression que je vais me faire dessus, que j'ai envie de pousser. La sage femme me propose de vérifier mon col. Il est à 5 : " vous sentez couler ? " La poche des eaux s'est rompue pendant le contrôle. Quelques instants après, je ressens de nouveau les contractions, alors je commence à réinjecter de la péridurale. Et pour ne pas changer, j'ai peur...je me lance et leur dis. Durant toute ma grossesse, je m'agaçais quand ma mère comparaît sa grossesse à la mienne. Pour ma naissance, le travail a été très rapide et elle a fait une grosse hémorragie. J'ai tenté de me rassurer pendant 9 mois en me disant qu'aucun accouchement ne se ressemblait, que je vivrais le mien et que tout irait bien.. Mais à ce moment là, je ne peux m'empêcher d'y penser. Je vois bien que mon travail avance très vite, j'ai peur de vivre moi aussi cette hémorragie.L'équipe médicale m'explique que les prises en charge ont évolué en 30 ans, que je ne risque rien. J'entends leurs mots, mais ça ne me suffit pas. Je tremble, j'ai peur. Je n'ai plus les douleurs à gérer donc mes angoisses ont toute la place. Et puis, j'ai peur d'accoucher, de la rencontrer... de tout.




2h15 : Je bipe la sage femme, je suis désolée de la déranger, mais j'ai vraiment envie de pousser. Elle vérifie mon col, en effet, je suis à 10. Elle me propose d'attendre que la petite descende d'elle même pour ne pas me fatiguer pendant une trop longue poussée. Mais j'ai vraiment besoin de pousser, elle me propose d'essayer pour voir. Et ça fonctionne, la petite s'engage, ma poussée est efficace. On me propose d'attendre un tout petit peu, le temps de pouvoir me réinjecter une dose de péridurale. On a les yeux rivés sur le chrono, prêtes à appuyer sur le bouton. Les minutes ne nous ont jamais paru aussi longues. A ce moment là, mon seul objectif est d'être assez anesthésiée pour ne pas souffrir dans les minutes qui vont suivre, car je le sens, ça va être rapide, j'ai plus le temps de réfléchir, il va falloir agir.


Ça y'est, nouvelle dose de péri. Je suis incapable d'attendre de nouveau 13 minutes pour la prochaine. Il faut y aller. On s'installe. En une contraction, la petite s'engage entièrement. Elle ne souffre pas, moi non plus. Alors, on prend le temps, pour sortir la tête calmement, sans tout arracher. Entre chaque poussée, la gynéco me masse le périnée. Je ne souffre pas. Je ressens tout, mais je ne suis pas effrayée. Je connais ces sensations en moi, je m'entraîne depuis plus d'un mois, ça me semblerait trop facile d'ailleurs. Ca en effet rire plus d'un mes histoires de préparation du périnée. En attendant, moi qui suis habituellement stressée de tout, je suis là, presque sereine à pousser. Si j'étais pas en train d'accoucher, j'aurai presque un petit sourire de satisfaction et de fierté à afficher. Je suis presque agacée que ça n'aille pas plus vite, mais à ce moment là, je n'ai pas réellement notion du temps. Charlotte est à mes côtés, tout le monde est calme. Exactement ce que je voulais. Pas de cris, pas de douleurs, pas de peurs. Au bout de 10 minutes j'entends : " ça y est, elle est là, venez la chercher". Non, je ne peux pas, le temps s'arrête, je suis perdue. Charlotte accompagne les mouvements de la gynéco et dépose bébé sur moi.



Il est 2h46 : Amaé est avec nous. " Ne vous inquiétez pas, c'est votre sang". Elle est presque drôle elle. Bien sûr que je m'inquiète, mon sang. Je suis pas bête. Je sais ce qui se trame. Et ça ne loupe pas. Je vois l'anesthésiste arriver, accompagné de nouvelles sages femmes. Tout le monde s'active autour de moi. Je tremble, j'ai peur. Je demande sans cesse ce qui se passe, j'ai besoin de tout comprendre. " Ne vous inquiétez pas". Je suis complètement effrayée. " on va vous prendre bébé un peu". Ok, donc, je dois pas être très fraîche. Charlotte est avec Amaé, je la vois jeter des coups d'oeil vers mon chantier. Gênée, je lui demande d'arrêter de regarder. Mais à priori, c'est plus fort qu elle. La gynéco et les sages femmes s'excusent, me massent l'utérus, utilisent des outils... J'entends que ma température augmente. Ma peur m'empêche de souffrir. Je regarde tout, et suis à l affût, me disant que je dois rester connectée. Je m'en veux d'avoir ressenti directement de la panique lors de ma rencontre avec ma fille. Mais je n'ai pas pu faire autrement. Elle allait parfaitement bien, moi non. Ma priorité, égoïstement était moi et rien que moi. On me propose de mettre Amaé à mon sein pour penser à autre chose que ce que je vis dans mon corps a ce moment là. Je ne veux pas... la sage femme me convainc d'essayer. J'accepte pour Amaé et pour mon bien. Je sais que les tétées provoqueront des contractions, ce qui aidera mon corps dans ce qu'il vit actuellement.


Il est 4h15, Amaé est à mon sein. Tout ça est si animal. Ca a l'air si évident pour elle. Elle y va d'elle même, elle n'a besoin d'aucune aide pour têter. Pendant ce temps, l'équipe arrive au bout des soins. Ils semblent satisfaits. Pour fêter ça, j'ai droit à mon premier point. 2 fois.. avec toutes ces manipulations, il a sauté et a besoin d'être refait. Bizarrement, je crois pouvoir dire que ça a été la chose la plus désagréable de tout cet accouchement. La gynéco m'explique que je vais rester en observation 3h au lieu de 2... qu'elle reviendra plusieurs fois observer l'évolution de mon utérus et que si elle n'est pas entièrement satisfaite, nous passerons à l'étape d'après, à savoir une histoire de cautérisation avec le radiologue… Nous resterons finalement 7h en observation, sans boire, dans l'attente que toutes ces seringues se vident. Les dernières infirmières ont du mal à trouver de la place pour me faire des prises de sang, une s'aventurera à me piquer au pied. J'ai envie de faire pipi... " Ce n'est pas possible Madame, vous êtes sondée ". Nous sommes épuisées. Le temps passant, je vois que mon état est stable, ça m'apaise. Mes tremblements s'arrêtent petit à petit. Amaé sur moi, Charlotte à mes côtés, je me sens mieux. Nous passerons en chambre vers 9h. Je resterai allongée et sondée jusqu'au soir, dans l'attente de mes résultats sanguins. C'est seulement plus tard, que le mot sera prononcé : hémorragie. Mais tout ça me semblait déjà loin. J'étais épuisée mais en paix dans cette chambre avec mes 2 amours...



Ce dont j'avais si peur s'était bien passé. J'ai vécu une hémorragie de la délivrance, j'ai perdu un peu plus d'1,5L de sang dans cette histoire. Lorsque la gynécologue et les sages femmes s'excusaient pour les gestes qu'elles exécutaient, je ne réalisais absolument pas qu'elles étaient en train d'effectuer une révision utérine. La gynéco était tout simplement en train de remonter sa main jusqu'à mon utérus à la recherche de l'origine de l'hémorragie. Certains me disent que je me le suis provoquée moi même à force de l'appréhender. Discours des plus culpabilisants soit dit en passant. Quelques semaines après, la gynécologue nous a reçu pour revenir sur tout cet accouchement. Elle me fera faire une prise de sang pour rechercher une explication génétique à cette hémorragie. Rien ne re-sortira de cet examen. Peut être la rapidité de l'accouchement. Peut être l'héritage transgénérationnel. On ne saura jamais vraiment.

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