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Un accouchement plus tôt que prévu


Nous c’est la petite famille bonheur. Avec un papa (Guillaume) heureux. Une maman (moi) épanouie et un bébé sourire (Enzo)

Nous venons de bourgogne et avons bâti notre famille depuis presque 1 année maintenant. Que le temps passe vite mon dieu !





Je m’appelle Marine, j’ai 29 ans et je vis en Bourgogne. Je suis l’heureuse maman d’un petit bout de chou de 10 mois. Aujourd’hui, non pas sans mal, je te raconte mon histoire … Notre histoire.


Il y a maintenant un an, j’ai fait une fausse couche… Ça m’a traumatisée et fait peur. Quand je suis tombée enceinte de bébé, je ne voulais pas y croire… J’appréhendais énormément de le perdre à tout moment. Je suis une personne hypersensible et je savais que si je perdais de nouveau mon bébé, je n’arriverais pas à m’en remettre. J’avais trop peur de m’attacher à ce petit bébé qui grandissait à l’intérieur de moi. De l’aimer, de l’imaginer, de rêver de lui dans mes bras... J’ai donc demandé à mon chéri que l’on fasse comme si je n’étais pas enceinte jusqu’au quatrième mois de grossesse. Ma grossesse s’est dans l’ensemble bien passée. Je n’ai pas à me plaindre. Pas de nausées, pas de douleurs quelconques … Pourtant je ne l’ai pas aimée. Autour de moi, tout le monde me disait qu’il fallait que j’en profite à fond. Qu’une grossesse c’est unique, magique, court …. Mais je n’y arrivais pas. Probablement trop coincée par la peur de perdre ce petit être. Après avoir passé l'été au bureau sous la canicule sans clim, carencée en fer, je ne tenais plus debout. Ma sage-femme, ne voulant pas prendre de risques inutiles, m'a arrêtée fin septembre, soit à 5mois de grossesse. A partir de là, si le matin j’entreprenais quelque chose, l’après-midi je la passais sur le canapé au calme, avec un bouquin ou un film pour me reposer au maximum…



Week-end du 11 novembre: Je me sens mal, je n'adresse la parole à personne malgré la présence exceptionnelle de ma belle soeur. Je suis épuisée et ressens des douleurs dans le bas du ventre. J'imagine que c’est la fatigue, mais quand j’y repense aujourd’hui, je pense que c’était le début du travail … Mercredi 13 Novembre, 5h du matin : Je me réveille en sursaut dans le lit. " Merde !!! Je me fais pipi dessus." Je cours aux WC mais c’est déjà trop tard. Perdue et paniquée, j'arrive à me convaincre que ça ne peut pas être quelque chose de grave, je ne suis qu’à 6 mois et demi de grossesse. Dans le doute, j’appelle quand même ma sœur. Pour elle aussi, ce ne peut pas être la poche des eaux, il est bien trop tôt. Pour ne pas réveiller chéri, je me recouche sur le canapé. A 6h il se réveille et me voit dans le salon. Je me lève et ça recommence ! Je lui explique que ça fait déjà deux fois et que ça me parait bizarre. Il est très inquiet et veut m’emmener aux urgences. Je suis sur le canapé, mon chien sur les genoux, essayant de cacher ma panique et me parlant intérieurement pour me rassurer: "Non laisse tomber mon cœur, c’est sûrement rien. Tu sais je suis grosse, ça doit appuyer sur la vessie et du coup je me fais pipi dessus. Vas au boulot ? de toute façon, j’ai mon premier cours de préparation à l’accouchement à l’hôpital, je vais en parler et comme je serais sur place on verra bien ce qu’elles me diront ! " En lui disant ça, j’essaie surtout de me rassurer. Je suis à peine à 6 mois et demi de grossesse. Ce ne peut pas être la poche des eaux ! Il est trop tôt ! Toujours inquiète, je sors mon chien pour la promenade du matin, j’en profite pour appeler ma sœur. « Non Marine c’est impossible, tu n'es pas à la fin de ta grossesse. Tu dois surement te faire pipi dessus. Ça ne peut pas être autre chose ». Sur le chemin du retour, ça recommence. J’ai beau serrer très fort mes cuisses je suis trempée… je trouve ça bizarre. Je me rassure, je me dis: " Allez, dans une heure tu es à l’hôpital, tu vas leur expliquer. Ce n’est rien. " Je me douche, vapote un coup, mets une serviette hygiénique au cas où (heureusement il en restait une !). Je caresse mon bébé chien, lui lance un " je reviens !" et pars sac de piscine sur l’épaule à l’hôpital. Arrivée là-bas, nous sommes plusieurs futures mamans. La sage-femme nous reçoit en entretien une par une, avant le cours de préparation à l’accouchement. J'en profite pour lui dire : "ce n’est surement rien mais que ça m’inquiète quand même". Elle m'invite alors à rejoindre les urgences gynécologiques, où je dois de nouveau, expliquer ce qui se passe. Je m’excuse de les déranger et de leur faire perdre du temps. Que ce n’est surement rien mais que je suis inquiète. Pour se rassurer au plus vite, un test m'est fait. En deux minutes j’ai la réponse. " Madame, ce n'est pas de l'urine, c’est du liquide amniotique. Vous allez accoucher. " Je ne comprends pas, je réfléchis… Je suis à 31 SA, qu’est-ce qu’elle me raconte encore. Elle doit blaguer. Je lui souris bêtement et lui dis : " non non, c’est pas drôle je suis à 31SA, donc c’est impossible ce que vous me dites". Elle me réexplique calmement que le test ne peut pas se tromper, qu' ils vont me faire une échographie pour connaître le poids de mon bébé, la quantité de liquide amniotique perdu… Qu'à compter de maintenant, je n’ai plus le droit de sortir de l’hôpital sans avoir accouché. Elle m'explique également, que dans la ville où je suis, ils ne prennent pas en charge les grands prémas, alors qu’il est possible que je doive partir en hélico pour aller à Dijon. Elle me laisse quelques minutes pour appeler mes proches si j’en ai envie. J’appelle mon chéri, lui explique que ça ne va pas du tout, qu’il avait raison, que je vais accoucher. J’ai peur, peur de perdre bébé à ce moment-là. C’est trop tôt. Beaucoup trop tôt. Une grossesse c’est 9 mois, pas 6 ! Je lui demande de me ramener une valise avec des affaires de toilettes, et de quoi me changer. Rien n'était prêt. Pour moi, j’avais encore le temps avant de faire ma valise pour l’accouchement. J’appelle ma maman qui fond en larme. Elle n’y croit pas. Je lui fais un facetime. Oui oui, je suis bien à l’hôpital, je suis branchée de partout, alitée, sous perfusion... Les médecins m’expliquent que j’ai une fissure de la poche des eaux. Que cela ne tient pas longtemps généralement mais qu’à une semaine près ils vont essayer de me garder sur place. On me monte dans une chambre particulière en grossesse pathologique. A partir de là, j’ai des examens tous les jours. Prise de sang, échographie, monito … tout y passe. Je prends 6kg d’eau en 3 jours avec les perfusions. Je n’ai plus le droit de bouger de mon lit, sauf pour les examens médicaux et la visite de la néonatalogie. J’ai peur. C’est trop tôt. Je ne veux pas perdre mon bébé. Ben oui j’ai fini par m’y attacher, l’imaginer … Dans tout ça, j'ai la chance d'être entourée de sages-femmes d’une douceur à couper le souffle, patientes, gentilles, rassurantes, bienveillantes. On m’explique tout en détail, le avant, pendant et après. Il n’empêche que j’ai peur. Peur de le perdre. Je préfère à ce moment là, donner ma vie pour la sienne. C’est dans ces moments que tu te rends compte à quel point un amour peut être profond et qu’une vie peut basculer en deux minutes. Enzo est en siège et en transverse, je n’ai pas de contraction et mon col est fermé. Je n’ai pas d’autres choix que d’accoucher par césarienne. Quand le moment sera venu. On me l’explique, re-explique, jusqu'à l'avoir bien compris. De toute façon, peu m’importe comment bébé sort. Je veux juste qu'il aille bien ! Nous tenons en tout et pour tout 12 jours. 12 longs jours. Je me sens si mal. C’est très difficile à intégrer. À gérer. Je ne dors que très peu. La journée je n’ai le droit de bouger de mon lit que pour les examens. Alors je lis beaucoup. Des livres pour me changer les idées, des infos sur la prématurité… Je me mets au coloriage. Des mandalas pour adultes. Ce qui fait rire les sages femmes d’ailleurs. Dimanche 24 novembre : Le 11ème jour. Toute ma famille et mes amis viennent me rendre visite. Les retrouver est aussi fatiguant que ressourçant. A leur départ, je le sais. C'est fini pour bébé et moi. Notre histoire dans ce ventre ne tiendra pas plus. J'ai perdu beaucoup de liquide pendant leur présence. Trop de liquide. Je le sais, je le sens. Je le pressens au fond de moi, comme un 6ème sens. Je me sens mal. Je suis stressée, un grand saut dans le vide nous attend. Avant de « dormir » j’appelle chéri chéri et lui dis gentiment que c’est pour bientôt. J’essaie de le préparer psychologiquement.Je sais que ce sera difficile pour lui, plus que pour moi. Dans notre couple, je suis celle qui gère les situations "sur le moment". Le lendemain matin, les sage-femmes viennent me chercher en fauteuil pour une énième échographie. Je n’ai pas besoin d’être médecin pour voir qu’il ne reste plus rien … La tête de la gynéco le confirme … Elle se veut rassurante. Mais, aujourd'hui, lundi 25 Novembre 2019, à 15h, toute une équipe médicale viendra me chercher. On doit me préparer pour descendre au bloc, pour un accouchement en urgence par césarienne. C’est trop dangereux pour bébé et pour moi de continuer ainsi. Je fonds en larme. C’est dur. Même si je le savais, j'étais informée, préparée depuis 12 jours. J’ai peur. Je ne sais pas ce qui va se passer exactement. Je sais que je serai seule, le papa ne peut pas être présent au bloc opératoire. Je ne sais pas si bébé va survivre ou s’il sera en bonne santé. Deux mois d‘avance, c’est beaucoup trop tôt. Lundi 25 novembre, 15h : Nous y sommes. J’ai la chance que toutes les équipes soient extraordinaires, gentilles et douces. Ils sortent bébé en même pas 20 minutes. On m'a prévenu, je ne peux pas le voir. Il est trop petit et il fait trop froid. Mais la sage-femme est un amour et me laisse embrasser quelques secondes Enzo. Je l’embrasse sur le front, les yeux remplis de larme. Mon bébé. Tu es là. Tu es vivant. Tu as l’air d'aller bien. Je l’entends pleurer et pleure avec lui. Dans ma tête c’est Bagdad . " s'il pleure, c’est qu’il est en bonne santé… Et surtout vivant. " Et puis papa sera avec lui pour les soins il ne sera pas tout seul. Je reste encore deux bonnes heures au bloc, puis deux heures en salle de réveil. J’ai la chance, malgré l’heure avancée de la nuit, de pouvoir voir mon bébé en néonat. Quelle douleur …. Un si petit bébé, en couveuse, branché partout. Et que je ne peux même pas encore prendre dans mes bras. Je suis épuisée, la rachi de la césarienne m’a cassée, alors on me remonte en chambre. De toute façon, je suis schootée. Il vaut mieux que je dorme et que je revienne plus tard. A partir de ce jour, et pendant 2 mois. Je pleure en partant... à chaque fois… mais je me dois de rester forte pour lui, mon amour, mon bonheur, ma raison de vivre. Il doit se battre pour respirer, pour vivre. Et je dois être là pour lui, pour lui apporter l’amour et la force dont il a tant besoin. Le papa est très présent aussi. On y va deux heures le matin, deux heures le soir. Entre les deux, on le laisse se reposer, et puis, on le sait, il était entre de bonnes mains. Enzo est né à 1.9kg pour 41cm. Ce n’était pas le plus petit bébé, mais c’était quand même un petit bébé. Je suis heureuse de dire qu’aujourd’hui tout va bien pour lui, pour moi, pour nous. Quelques petits soucis de santé lié à la prématurité, mais rien de grave. Un message pour les futures mamans ? Ca n’arrive pas qu’aux autres … Je ne savais rien sur la prématurité, je n’y avais même pas penser à vrai dire. Mon application de suivi de grossesse me faisait part d’article à ce sujet. Mais, je ne les ai pas lus. On ne pense pas à ces choses là enceinte, où du moins on préfère ne pas y penser. La prématurité, c’est une étape, c’est quelque chose. Ça te marque à vie. Ca te fait réfléchir sur des tas de choses. Ton mode de vie, ta façon de voir les choses, de courir à 2000 à l’heure, de te prendre la tête pour rien. Tu te remets, toi, en question. Pourquoi ma poche des eaux a-t-elle fissuré ? on ne le saura jamais. Le pédiatre en chef ne sait pas l’expliquer, mais malheureusement il y a de plus en plus de bébés qui naissent prématurément... Notre mode de vie, notre malbouffe, les produits que l’on respire, que l’on se fout sur la peau... Même si aujourd'hui, tout va bien et que ce n'est juste qu'un mauvais souvenir. La prématurité, ce n'est pas anodin. Lorsque tu le vis, ton coeur de maman se brise. Alors, à toi, future maman, Je ne te souhaite pas de vivre cette expérience, mais ne fais pas comme moi. Lis sur ce sujet. N'y fais pas abstraction. Ce sont des choses qui arrivent. C'est une réalité.

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