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Un don de soi




Moi, c'est Victoria, Vico pour les intimes. J’ai 28 ans et vit en couple depuis 3 ans avec un homme,


Doudou. Nous avons plein de projets, un futur appart, un futur chat… Bref, une vie à 2.



Vous la sentez arriver non, la question ?


" Et le bébé, c'est pour quand ? "



Et si ma meilleure réponse était le don ?

Offrir à deux êtres humains amoureux, la possibilité de devenir parents.

Voici ma décision. Peut-être étonnante pour beaucoup. Bousculante. Mais si évidente pour moi.




Mars 2020, premier confinement :


Le laboratoire pour lequel je travaille est malheureusement fermé.

Détestant au plus haut point de ne rien faire, je trouve une mission de bénévolat avec une amie à l’Hôpital Tenon. Nous distribuons du café et des brioches au personnel de l’hôpital.


Cette amie en question fait actuellement des études d’éducatrice spécialisée et est engagée dans de nombreuses associations contre le racisme, l'homophobie et la protection de la femme. Au détour d'une conversation sur les familles homoparentales, elle me parle du don d'ovocytes. Je savais que les hommes pouvaient donner leurs spermatozoïdes. Mais la question du don d'ovocytes ? jamais entendu parlé ! Je trouve ça tellement dommage ce manque d'informations. Je me rends compte aujourd'hui, que ce sujet est en fait tout simplement tabou dans notre société.


Cet échange avec mon amie me questionne. J'ai l'habitude de donner, beaucoup, que ce soit mon sang, de la moelle, mes organes au cas où. Pourquoi pas mes ovocytes ?


Je me lance alors dans quelques recherches chez notre cher ami Google. Je découvre un monde parallèle. Des sites suisses, espagnols qui proposent des rémunérations. Mais c’est pas censé être un don ? Des sites où il faut se décrire… Ton poids, ta taille, ta taille de hanches, la couleur de tes yeux, si tu as des taches de rousseurs… bref quelque chose de très précis. Absolument pas ce que je m'étais imaginée.


Je me renseigne également sur les personnes qui pourront bénéficier de mes petites ovules.

Je ne suis pas militante mais je reste tout de même très « ouverte » sur le monde. Je pense qu’au fond, c’est ma petite révolution personnelle. Je n’ai pas envie d’être mère pour le moment. Un jour, mais pas de suite. Je pense que nous ne sommes jamais prêts à être parent, mais je ne peux actuellement pas donner un environnement sain à un enfant. Alors, j'ai envie de donner,

à ceux qui se battent depuis des années, que ce soit pour un souci de santé ou « parce qu’ils ne rentrent pas dans la case de la parentalité ».



C'est tout naturellement et facilement que j'en parle à doudou entre 2 pipis.

« Tu en penses quoi ? Tu trouves ça bien ? ».

Sa réaction est positive. Il trouve ça chouette de pouvoir aider des humains à devenir parents, même s'il n'est pas très pour, concernant les mamans solos. Mais ça, c'est un autre débat.

Il conclut avec un " Tu es grande et adulte, tu fais ce que tu veux de ton corps."


Petit à petit, il se rend compte du traitement lourd et long dans lequel on s'engagerait, mais il est partant. Je suis heureuse qu'il valide ce projet.

Même si, me connaissant je l’aurais fait, qu'il adhère ou pas. Nous sommes très libres l’un envers l’autre mais aussi l’un sans l’autre. J’aurais été un peu triste, c’est même sûr. Mais je l’aurais fait. Et je pense qu’il m’aurait quand même aidée à me piquer.



Les jours passent. Je peaufine mes recherches. " Don ovocytes France".

Je tombe sur le site de l'Hôpital Tenon.

Sûre de moi, j'envoie un premier mail. Quelques jours après, le rendez-vous est pris.


Je suis attendue le 9 septembre 2020 par un médecin. Ce rendez-vous, je le sais, sera décisif.


L'été se passe. J'en parle à quelques personnes.

J'appréhende leurs réactions face à cette décision peu commune, j'ai surtout peur d'être jugée dans mes choix.


Mes ami.e.s ont réagi de façon … franche ! J'ai eu toutes les réactions possibles.

" On est tellement nombreux, ça sert à rien ! "

" Cet enfant, il n'aura pas la chance de connaître ses origines ! "

" Imagine qu'après tu n'arrives pas à en avoir …"

Elles n'ont peut-être pas vraiment tort dans le fond.


J'ai besoin d'autres avis.


J'en parle à mes très bonnes amies. Celles qui me connaissent depuis 8687676 ans. Toutes me soutiennent et m'encouragent.

" Bravo ! Tu es courageuse de faire ça ! "


J'en parle également à ma mère. Elle trouve ça très beau et rare. Elle est évidemment un peu inquiète et me met en garde. Elle se demande si ce n'est pas un nouveau délire pour combler je ne sais quel manque. Ma maman quoi. Mais elle me soutient. A fond. Et sera là, le jour J, à mes côtés pour la petite opération.


Je commence juste à appréhender l'organisation pour mon travail.

Si je dis rien et que je me retrouve à pleurer souvent ? à être surexcitée ? si je deviens un ours ? que je m'absente du jour au lendemain ? Ma chef va forcément s'inquiéter. Je dois l'informer !


Et si sa réponse est " tu dois travailler, tu as autre chose à faire que ça ! " ?


Finalement, beaucoup d'inquiétudes pour pas grand chose, car elle trouve ça tout simplement beau et courageux; et me soutient dans cette démarche.

LE SOULAGEMENT.



Durant ces quelques semaines, je n'ai pas rencontré que des personnes enthousiastes vis à vis de mon projet non plus. J'ai eu l'occasion d'en parler avec une femme de coeur extraordinaire pratiquante dans la religion catholique - car oui, je suis aussi croyante et pratiquante depuis 4 ans maintenant. Pour elle, avoir un enfant est un don. Le fait que certaines femmes ne puissent pas en avoir doit être une situation à accepter pour elles et leur corps. C'est son point de vue, je le respecte mais ce n'est pas le mien. Personnellement, je me questionne pour ces femmes qui souhaiteraient un enfant mais pour qui ce n'est pas le moment ? Pour ces couples de même sexe qui rêvent de parentalité mais bloqués par des lois qui leur interdisent ? Dieu est censé nous faire AMOUR.

Ne vais-je pas tout simplement donner un peu d'amour ?

Alors pendant ces semaines, j'en parle finalement à plus de personnes que prévu, mais je sens que c'est un sujet tabou et qu'on pourrait facilement me prendre pour une folle. Pour moi, ce don est quelque chose de simple. J'ai bien compris que, dans notre société, tout le monde ne le ressent pas ainsi. J'ai donc préféré, quand même, éviter ceux qui allaient d'office me répondre

" C'est ton utérus, garde le pour toi ! ", " Tu vas gâcher tes ovules pour d'autres …".


J'ai d'ailleurs pas besoin de cette question du don pour ressentir la pression sociale sur la question de la maternité.


"Arrivée à ton âge" … " Faudrait y penser mademoiselle "… " Tu es plus toute jeune "…



Je profite de mon rendez-vous gynécologique annuel pour parler de mon projet à ma gynéco qui me suit depuis toujours. Je suis jeune, en super santé et des ovaires en béton, « allez y mademoiselle ». Elle trouve ça génial; beau et courageux. Elle ne porte aucun jugement sur mon âge, me dit de la tenir informée et de ne surtout pas hésiter si j'ai la moindre question.


L'été se termine et je suis motivée comme jamais !



9 septembre 2020, 14h :


Je me retrouve face au chef de service des dons d’ovocytes. Il me pose beaucoup de questions.

" Pourquoi vouloir faire ça ?

Avez-vous eu des personnes autour de vous qui ont eu recours à la FIV ?

... "


Nous avons ensuite discuté de ma famille, des éventuelles maladies héréditaires, et enfin du déroulement de ce don.


Cette médecin est une femme très douce et très gentille. Je me serais tout de même passée de sa petite remarque :

« Bon vous êtes jeunes mais pas toute jeune non plus »

Les diktats ont la dent dure, même chez les professionnels. Mais passons, ça ne la regarde pas.



10 octobre :


Aujourd'hui m'attend mon deuxième rendez-vous.

4h pour rencontrer le psychologue, la généticienne, la médecin interne puis la chef de service.

On me fait une prise de sang pour le caryotype et une échographie pelvienne. Je suis surprise, on ne m'avait pas prévenue. Ça ne me pose aucun souci, mais je pense à celles qui sont dans l'indécision. Tout ça peut paraître très obligatoire pour un premier rendez-vous.


Les infirmières sont adorables. Mes analyses sanguines sont bonnes et le résultat de l'échographie pelvienne est top. 5 follicules à gauche et 7 à droite.

Je suis tellement contente :

« Bonjour mes ovaires ! Je vous aime, merci d’être là et de fonctionner ».

J'en ressors avec l’ordonnance pour touuuuutes les stimulations. Mais pas que…


Avant le prochain rendez-vous, mon conjoint doit signer un consentement. Il doit donner son accord, en acceptant tous les "à côté" des 15 jours de stimulation. Doudou est surpris de cette procédure. Moi aussi. Alors, je me renseigne un peu. Je découvre d'ailleurs, par mon médecin, que dans les années 80,en plus du consentement de leur conjoint, les femmes devaient avoir déjà eu un enfant (problème de stérilisation). Ce n'est que dans les années 2000 que les femmes n’ayant pas eu d’enfant ont pu donner leurs ovocytes. Comme quoi, tout ça n’est pas très vieux.


L’autre question qui s’est posée durant ce dernier rendez-vous, et qui peut paraître très animal, ce sont les rapports sexuels durant cette période. Nous avons le choix entre l'abstinence ou la protection +++. Au premier abord, je suis surprise. Nous en discutons avec mon conjoint. Nous sommes grands et sérieux. Ça sera peut-être justement l'occasion de nous découvrir autrement. Et puis, bon, ce n'est que " 20 jours "... on ne va pas finir comme des loups en cage, enfin, j'espère…


Et en même temps, je ne sais pas à quoi m'attendre. Comment vais-je me comporter sous stimulation hormonale ? Les médecins m'ont parlé de mes seins qui vont sans doute gonfler mais pour le reste ? A vrai dire, cet inconnu m'angoisse. C'est débile, hein ?

Je refuse de regarder sur Google. Ça ne ferait qu'empirer mon stress. Si ça se trouve, il ne va rien se passer ! Mais si j'avais des pulsions de nourriture ?


J’ai eu un travail de longue haleine sur mon rapport à mon propre corps. Encore aujourd’hui, il m'est difficile de me sentir belle, forte, sexy… Doudou m’a beaucoup aidé depuis quelques années mais les démons reviennent très souvent.


Je suis quelqu'un d'hyper sensible. Quand la colère monte, je ne crie pas, je pleure.

Si j'aperçois un chat en détresse, je pleure.

Je suis comme ça.


Pendant la stimulation, je sens que mon corps va changer et ça me fait peur. Mes seins vont grossir, ils vont être durs. Mais si en plus, j'avais des moments de boulimie comme chaque mois avant mes règles, mais que ça dure 20 jours ? Je vais forcément grossir. Je me sentirais moche. Je me sentirais mal. Et puis, je suis sous pilule depuis mes 16 ans. Ça va être d'un seul coup la folie dans mes hormones. Je vais ressentir pour de vrai mon corps. Je crois que j'ai peur de connaître la " vraie moi ".


Et puis, tant qu'à être dans la confidence. Je vais y répondre à la question qui brûle les lèvres de beaucoup.


" Ça ne te dérange pas que tes cellules donnent vie à un enfant que tu ne connaîtras jamais ? "

C'est quelque chose qui ne me perturbe pas. Évidemment, il héritera de mes grosses fesses mais c'est joli des grosses fesses, non ?


Blague à part, ce ne sont pas les gènes qui font les familles. Je me dis que cet enfant sera attendu, aimé. J'aime à penser qu'il sera forcément entouré de beaucoup d’amour et de bienveillance.


Lors de l'échographie pelvienne, j'ai vu mes ovaires et intérieurement je leur parlais - c'est con, hein ?!? -

" Bravo mes loulous, vous êtes au taquet ! "


Ces ovules, je les vois comme une chance, comme un espoir pour un couple.

Je ne me dis pas " La Vico va changer la vie ! ", ce serait très nombriliste.

Je veux juste donner un tout petit peu de ma personne pour que ces cellules deviennent un jour, un enfant, tant espéré par des parents qui l'aimeront profondément.



" Et si plus tard, je ne peux pas avoir d’enfant ? "

Ça me fera du mal. Mais je pourrai adopter. Et je donnerai tout autant d’amour à cet enfant, différent génétiquement de nous, mais qui aura mes/nos valeurs.




15 novembre :


C'est parti.

Je récupère mon traitement comme une enfant. Tout est nouveau.

La pharmacienne me félicite.


C'est toute excitée que je dépose mon traitement entre les soupes et les yaourts dans le frigo.



23 novembre :


Ce soir, je prends ma dernière pilule. Les choses sérieuses arrivent à grands pas.

Pour l'instant, je suis confiante. J’espère pouvoir donner le maximum d’ovules lors de ma stimulation, et qu'ils prendront rapidement le chemin dans l'utérus d'une future maman.

Ça serait top pour Noël !


Bon, pour l'instant, il va falloir surtout comprendre comment fonctionnent les injections, histoire d'éviter de m'injecter une triple dose et de me retrouver avec 785 ovules en stocks.


Tellement de questions dans ce long chemin de l’inconnu.




Les jours passent. On s'organise. Les infirmières sont prévenues. Tout est prêt.


30 novembre :


Aujourd'hui, l'aventure commence. C'est le jour de la première stimulation.

Je dois prévenir ma chef. Elle me rappelle quelques heures plus tard.


« Victoria ça va pas être possible que tu la fasses… ».


Je tombe des nues. Il y a quelques semaines, elle m'encourageait, trouvait mon geste beau et noble. Et, aujourd'hui, elle me demande de tout stopper, sous prétexte que je ne l'ai pas prévenue assez tôt et que nous avons un projet en cours important. Elle pense que ma vie se joue sur ce travail, qu'une fatigue excessive va forcément entraîner des erreurs.


" Tu dois penser au projet. Tout doit être PARFAIT ! Tu pourras toujours donner plus tard. "


" Mais, bon, je comprends aussi que tu veuilles le faire. Fais-le. Tant pis pour le projet."

Je me retrouve devant un dilemme à résoudre en quelques secondes.


Je suis tellement en colère. Contre moi.

Comment ai-je pu penser que ma chef me comprendrait ?

Je suis vraiment trop gentille. Je me rabaisse face à l'autorité, je dis oui à tout. Pourtant, je sais qu'au travail, je suis concentrée et consciencieuse, les erreurs sont plus qu'exceptionnelles, voire inexistantes. Mais, je doute tellement de moi. Et elle le sait.


Je lui en veux. Elle a profité de ma gentillesse, de ma confiance et de mes confidences.


Je renonce donc à ce don.


2 mois passent. Je m'autorise enfin à penser à moi et à mes ovules. Je n'ai pas de projet, de travail particulier. Tout est bouclé. Je suis apaisée. Le mois de février sera le bon !




Concrètement, comment va se dérouler :


Du 22 Janvier au 26 Janvier :

Injection d’une première hormone,

par piqûres sur le ventre.

Cette première hormone va permettre de stimuler la production d'ovules.


Du 27 Janvier au 30 Janvier :

Suite de l'injection de cette première hormone, toujours dans le but de stimuler la production.

+

Injection d'une deuxième hormone par piqûre sur la cuisse

Cette deuxième hormone va bloquer le risque d'ovulation naturelle.


29 Janvier :

État des lieux avec prise de sang et

Echographie pelvienne.


31 Janvier :

Arrêt des deux hormones et injection d’une 3ème hormone sur la cuisse.

Cette dernière injection va, elle, déclencher l'ovulation.


1er Février :

RIEN (Youpi)


2 Février :

Opération






22 Janvier :


C'est (re)parti ! Aujourd'hui, je vais recevoir ma première injection. Le stress est présent. Bien plus pour la piqûre que pour l'aventure en elle-même.

Je suis tellement curieuse de tout ce qui m'attend et heureuse que tout ça débute enfin.


Doudou me pique. Un vrai professionnel. Même pas mal. Bon, par contre je n'avais pas anticipé la sensation du produit se diffusant dans mon corps. Mais bon, c'est fait.


Après cette première injection, je suis un peu sur le qui-vive. Est ce que mes ovaires vont gonfler d'un seul coup. Est-ce que je vais être hyper reloue demain ?



23 janvier :


Je me réveille. Tout va bien. Je suis toujours moi-même, je me sens juste un peu plus grande avec ce petit truc en plus.



Suite à cette première injection, je ressens petit à petit, deux sortes de poids en bas du ventre. Qui ne cessent de grandir. Une belle paire de balls lourdes qui gonflent en moi.

J'ai l'impression que mon appétit diminue proportionnellement à mes ovaires qui elles prennent de la place. Lorsque je vais aux toilettes, je sens que ça « pousse ». Ce n'est pas forcément agréable mais ça me rassure. Je m'imagine que c'est la preuve que le traitement marche. Tout fonctionne. Je sens mon ventre gonfler, comme si j'étais enceinte.

Enfin … avons-nous ces sensations lorsqu'on attend un enfant ?



25 Janvier :


Je commence à ressentir de réels changements. Le bas de mon ventre n'a jamais été si tendu et des crampes font leur apparition. Une espèce de plaque d’eczéma apparaît et se propage sur mon cou. Ça fonctionne !!! Je me sens en pleine forme et absolument pas fatiguée.


27 Janvier :


C'est l'heure de la deuxième injection.

On réalise avec doudou tout ce que subissent ces femmes pour avoir un enfant. Ces si nombreuses piqûres contraignantes … ces bleus sur le ventre et les cuisses... Franchement, nous sommes des badass !


A ce stade de la stimulation, émotionnellement parlant, je m'attendais à être plus sensible. Je monte très vite dans l'énervement mais je redescends tout aussi rapidement dans mon mood normal et zen. Physiquement, outre mon ventre qui " gonfle", pas de grand bouleversement. Et finalement, je m'étonne même à me sentir bien et belle.

Sur le plan sexuel, l'envie est présente, mais nous avons comme prévu fait preuve de chasteté.



29 Janvier :


Je me réveille tôt pour un rendez-vous " état des lieux" à l’hôpital.

Ce matin, mes ovaires sont de plus en plus lourds. Ça tire, c'est désagréable. Les maux de ventre, crampes et gazs font leur apparition. Mais c'est parti !


Je rencontre tout d’abord le médecin pour l’échographie pelvienne.

Elle regarde mon ovaire droit et me dit :

" Mademoiselle notez les numéros à la suite (ce sont la taille des follicules). Alors, 24,15 ;18 ;19…. "

Et ça ne s'arrête plus. 17 du côté droit et 10 du côté gauche !!!

J'aime mon corps. Merci mon corps. Tu déchires !

La stimulation a fonctionné parfaitement. C'est le moins qu'on puisse dire.

Le docteur est très contente. L’intervention aura lieu mardi prochain.

Je suis hyper fière de moi, hyper fière de ce corps qui répond. Je vais pouvoir offrir plein de petits ovules.


Je me rends ensuite à ma prise de sang afin de déterminer mon taux d’hormone. Les infirmières sont adorables. J'en ressors avec une nouvelle ordonnance de Bétadine pour me laver la veille et le matin de l’intervention. J'ai hâte.


Je sors de l’hôpital la tête haute. J’espère que ces ovules donneront tout plein de beaux enfants.


31 Janvier :


Je commence à être fatiguée. Mes ovaires sont très très lourds, ça tire pas mal.


Je ne peux plus dormir sur le ventre….


C'est ça qu'on ressent quand on est enceinte ?


Aujourd'hui, c'est la dernière injection de la 3ème hormone !!!


La der des ders.



1er Février : Veille de l'intervention.


Je suis stressée, plus par l’anesthésie générale que par la ponction. Je n’ai jamais vécu d’intervention dans ma vie alors tout est vraiment nouveau.

Je prends ma dernière douche à la Bétadine en début de soirée - un vrai délice - Je sens l'hôpital mais ça ne me dérange pas.

Ce soir, un repas léger m'attend. Bien évidemment comme c'est obligatoire, j'ai forcément une envie soudaine de chips et de burger.

Je prépare mon petit sac, une culotte, une serviette, un bon pull chaud et confortable, mon livre. Tout est prêt !

Au dodo.


2 Février : Jour de l’intervention.


6h: Je me réveille après une nuit agitée. Forcément. Je me suis réveillée au cours de la nuit avec la peur d'avoir raté mon réveil.


Je prends ma dernière douche avec la Bétadine et m’habille. Je décide de me rendre à l'hôpital en Uber plutôt qu'à pied. Mes ovaires sont énormes. J’en peux plus et suis contente à l'idée que tout ça se termine.


Je passe par les admissions et rejoins ensuite la maternité. On m’installe dans ma chambre.


Je me prépare. Je porte une magnifique combi de cosmonaute qui laisse apparaître mon joli fessier. Je n'ai plus qu'à attendre mon tour.


J'attends… encore et encore… 1h30...


C'est looooooooooooooong.


Je m'occupe en lisant pour focaliser sur autre chose et me mettre dans ma bulle.



Mes émotions se mélangent. Je suis excitée d'arriver au bout de cette aventure, stressée de ne pas savoir ce qui m'attend - Docteurs Avery et Robbins seront-ils présents ? -


Dans le fond, je suis sereine. Je fais une prière pour ces ovules, pour qu'ils apportent beaucoup de bonheur à de futurs parents. Mon corps est sain, est beau et en pleine forme.

Tout est réuni pour que ça fonctionne, non ?

Un brancardier vient enfin me chercher. Je suis toute excitée. Ca y'est, c'est mon tour.

" Reste calme Victoria. Respire. Pense à tes séances de yoga. Inspiiiiire. Expiiiiire…"


Il est très sympa et me fait visiter la maternité côté bloc opératoire. Je vais encore devoir patienter 40min. Mais je suis comme déconnectée du temps. Je parle avec des infirmières, je pose 67392736 questions, je salue les personnes qui passent. Je m'occupe.

La médecin vient me prévenir que le patient avant moi est un homme et que généralement les hommes ont plus de difficulté que les femmes à se réveiller. - Boooooooooon -


Je repense à mes petites ovules. J'espère qu'ils vont en récupérer plein ! J'ai l'impression de passer une épreuve importante dans ma vie. Et c'est le cas.


J'ai le pouvoir de donner une magnifique partie de moi qui va donner un enfant, une vie qui va être aimée et adulée. Pour toutes ces femmes qui subissent, souffrent, espèrent, tombent… Pour toutes celles qui continuent de se battre pour donner vie à ce petit être. Ce don peut représenter une victoire sur l'endométriose, sur des ovaires poly-kystiques … Certaines jeunes femmes ne se rendent pas compte du pouvoir immense qu’elles ont.


Ce don, c'est aussi une liberté. Être libre de faire ce qu'on veut de nos corps et dans ce cas de nos ovules. Les garder, les donner, les congeler pour plus tard. On peut aider. Donner de l'espoir. Préserver notre fertilité. C'est notre force de femmes.


Bref. C'est mon tour. On me pose une perfusion.

J’entre dans le bloc opératoire. Tout le monde se présente. L’anesthésiste, le médecin, les infirmières.iers. Tout le monde est au petit soin pour moi. - J’adore le milieu hospitalier, soit dit en passant, et parfois je me dis que j’aurais préféré être infirmière que de faire mon métier actuel -


On m’installe sur le siège avec les étriers. Je vois une cuvette juste en dessous de mes fesses, là où je m’installe. Ça veut dire que je vais perdre beaucoup de sang ???

Une anesthésiste arrive et me met la perfusion pour m’endormir, tout en me faisant une séance d’hypnose… Je m’endors quelques secondes. Il est 10h57.



11h15 :


Je me réveille en entendant un « Victoria ». Je suis au taquet, telle une chouette avec mes grands yeux ouverts. Oh et puis, j'ai faim !


Mais au fait, tout s'est bien passé ? Combien ils en ont récupéré ? J'ai hâte de savoir !


Je passe 1h dans la salle de réveil avant de rejoindre ma chambre. Je suis toujours à fond, ce qui étonne tout le monde. Je quitte ma tenue de badass, découvre au passage mon espèce d'énorme serviette hygiénique, et enfile mes vêtements chauds. L'infirmière rouspète. Elle devait d'abord vérifier mes saignements. Mais je ne saigne pas. Je fais pipi devant elle. Il n'y a pas de sang ! Elle est finalement plutôt contente et me trouve sacrément énergique pour quelqu'un qui se réveille d'une anesthésie générale.


Ma petite maman me rejoint enfin avec une brioche. Je suis contente de la voir. On se serre dans les bras et on discute un peu en attendant le médecin.


" Tout s’est bien passé ! Vous êtes agréable à ponctionner ! "

17 beaux ovules ont été récupérés. Il ne reste plus qu'à savoir s'ils sont de bonne qualité.

Dans tous les cas, 6 seront pour moi et le reste part pour le don. Je suis trop contente !


Le docteur m'explique que je peux faire un deuxième don dans 3 ou 4 mois. Rien d'obligatoire

mais vu que je suis une bonne pondeuse … (merci madame...).

Elle me demande également de partager mon expérience autour de moi - t'inquiètes, on est déjà sur le coup - Il existe encore trop de tabous et d'invisibilité autour de ces dons. Ils ne peuvent aujourd'hui répondre à toutes ces femmes en attente de pouvoir fonder une famille; et surtout dans les ethnies noires / africaines me dit-elle. Beaucoup de receveuses pour très peu de donneuses…

Il est 15h. Je quitte l'hôpital. La fatigue se fait sentir.

Je retrouve mon domicile avec quelques légères douleurs mais surtout de bien trop grandes nausées. Je vomis. Me couche. Et m'endors pour un vrai, long et bon dodo.



Je suis, aujourd'hui, fière et heureuse d'avoir été au bout de cette aventure.

J'espère que ces ovules donneront un jour vie à de magnifiques enfants malgré mon nez patate et mes grosses fesses.







Victoria, Vico pour les intimes,

badass dans l'âme

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