Le sommeil
J'aurais aimé qu'on me dise que mon enfant, comme la grande majorité, ferait ses nuits sans que ce soit forcément les miennes.
J'aurais aimé qu'on me dise que sûrement je pleurerais en pleine nuit de fatigue, et que ce n'est pas grave. Oui, c'est difficile pour notre corps de se remettre de ces 9 derniers mois tout en devant vivre dans un nouveau rythme qui ne convient pas à l'adulte que nous sommes.
J'aurais aimé que les gens soient plus honnêtes. J'aurais préféré entendre :
« c'est difficile la nuit, c'est normal, on y passe tous. »
plutôt que des questions pleines de sous-entendus : « alors, elle fait ses nuits ? »
J'aurais aimé qu'on me le dise, alors je te le dis à toi, malgré ce que tout le monde aimerait te faire penser, ce petit être que tu accueilles n'a que quelques jours, quelques semaines, quelques mois. L'acquisition de son sommeil n'est pas un défi parental, mais bel et bien un apprentissage comme un autre pour ton enfant.
Pour cela, il y'a deux choses qui fonctionnent pour que votre enfant fasse les mêmes nuits que les vôtres :
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le laisser pleurer, mais il est aujourd'hui prouvé que cela provoque des dégâts irréversibles sur le plan neurologique
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l'accompagner pour que petit à petit il acquiert un sommeil apaisé, mais pour ça, il est fort possible que vous passiez par des moments pas toujours agréables.
Je vous laisse donc imaginer quelle méthode nous avons choisie. Je n'ai malheureusement pas de recette miracle, pour que votre bébé dorme de 19h à 9h sans interruption. Mais, je peux vous partager notre quotidien, nos trouvailles, nos loupés, nos questionnements, que nous vivons face à ce grand sujet tabou qu'est le sommeil de nos enfants.
Je me demande souvent si notre façon de faire est la bonne. Ce fameux " tu vas l'habituer aux bras" si ancré dans notre société, cette société où l'enfant devrait s'adapter à nos vies et non l'inverse. Et puis, je me souviens que ce que je fais est pour elle et non pour les autres.
Nous n'avons pas encore vu d'adolescent avoir besoin d'être bercé dans les bras de ses parents pour s'endormir à c'que je sache ?
Je réfléchis et me questionne beaucoup autour du sommeil d'Amaé, je sais qu'elle a besoin de dormir et qu'elle fait partie de ces enfants pour qui ce n'est pas si simple. Alors, j'ai eu certaines fois l'impression de passer mes journées à essayer de l'endormir. Il y'a des jours où j'ai laissé tomber, mais généralement, je persévère car je suis convaincue que l'acquisition du sommeil est primordial. Tout ça peut paraître très contraignant, et certains préféreront aller se balader plutôt que galérer. Il n y a pas de bonne méthode. Chacun fait ce qu'il peut. Mais j'avoue en avoir fait mon cheval de bataille. Et à ce jour, je ne regrette pas ces heures de galère, de ratés et de réussites...
Ce qui va suivre est écrit au fil du temps.
Le noter pour prendre du recul, ne pas l'oublier, et ne jamais de devenir un jour celle qui balancera à une jeune maman
" alors bébé fait ses nuits ? "
Début novembre, naissance d'Amaé :
Pendant ses 6 premières semaines, Amaé se réveille toutes les 3h puis petit à petit, 4h, 5h et 6h.
Au bout d'un mois et demi, on pouvait dire qu'elle fait de jolies nuits pour un nourrisson : de minuit à 6h ( environ ).
En journée, ses temps de sommeil sont anarchiques. Elle dort peu, entre les colliques et le manque de rythme, il lui est souvent difficile de dormir. On gratte des minutes de sommeil à droite à gauche.

Il m'a fallu plusieurs mois pour m'adapter à ce nouveau rythme. Les premières semaines ont été difficiles. Les 15 premiers jours, Charlotte ayant son congé parental, nous nous réveillions toutes les 2 pour nous occuper ensemble d'Amaé.
Puis l'heure de sa reprise à sonner. Je m'occupe alors d'Amaé les nuits de semaines et Charlotte gère les nuits du week-end.
Certains soirs, je me couche la boule au ventre à l'idée que je devrais me réveiller en pleine nuit. Je finis par appréhender nos couchers.
Combien de fois j'ai eu l'impression, que je ne dormirai plus jamais correctement de ma vie.
Ça aussi ! J'aurais aimé qu'on me dise que je vivrai cette impression,
et qu'on me dise :
"ne t'inquiète pas ce n'est qu'une étape".
Fin décembre, Environ 2 mois.
Les 10 jours passés dans nos familles, nous ont fatiguées ( c'est vrai qu'on ne l'était pas assez ! bonsoir les chutes de tension et les crises d'angoisse. ). Petit à petit, le petit rythme d'Amaé s'est perturbé. Je la revois, notre dernière nuit chez mon père, a pleuré à 4h du matin, incapable de se rendormir…
Puis, nous sommes rentrées chez nous. En quelques jours, Amaé a retrouvé ses repères et ses nuits d'avant Noël.
Jusque là, Amaé dormait donc d'environ 23h30 à 6h30. Généralement, on se levait après le bibi, mais un jour, complètement épuisée de ma nuit, je l'ai posée à côté de moi, j'ai sécurisé le lit et lui ai dit :
" Tu fais ce que tu veux, mais moi, je dors."
A compter de ce jour là, nous avons dormi tous les matins jusqu à..11h30 -midi.
Cette sieste câlin du matin est la meilleure chose que j'ai trouvé à faire !
Ce qui m'a permis de commencer à récupérer de nos 2 derniers mois de vie commune.
Début février, 3 mois.
Amaé prend son dernier bibi vers 22h30 / 23h et s'endort peu de temps après.
Le bibi du matin arrive entre 6h et 7h. Les nuits sont de mieux en mieux pour tout le monde.
Après son bibi du matin, je mets toujours Amaé dans mon lit. Au fil des jours, j'arrive à me défaxer du lit discrètement, de plus en plus tôt sans la réveiller. Elle finit donc sa nuit jusqu'à midi. Ce qui me permet de mettre en place ma nouvelle routine. Je profite de mes matinées pour me remettre au sport, m'occuper de la maison, prendre du temps pour moi, pour lui être entièrement disponible les après-midi.
Petit à petit, des siestes semblent se mettre en place; une première vers 13h30 jusqu'à 16h et une seconde en fin de journée. Amaé semble être une bonne dormeuse.
Fin février, nous décidons d'essayer de la passer dans sa chambre. Amaé arrive à faire de longues nuits. Il y a encore quelques ratés, les premières heures de sommeil sont ponctués de quelques ( rares ) pleurs nocturnes, de remise de sucettes, mais on pense être lancées sur le chemin des belles nuits.

Début mars, 4 mois.
Nous allons pour ses 4 mois, faire ses vaccins obligatoires. Comme pour les premiers, elle les supporte bien et s'offre une grosse nuit bien réparatrice ( 21h30 - 10H ).
A partir du lendemain, Amaé s'endort avec plus ou moins de facilité, dort 45 min et se réveille en hurlant. C'est reparti pour des heures à marcher dans la maison.
A ce moment là, je m'imagine que les vaccins sont responsables de ses pleurs.
Puis, ça s'est reproduit, un soir, puis un deuxième, puis … j'ai accepté la sentence : coucou régression des 4 mois.
L'endormissement est chaotique, Amaé dormait par tranche de 45 min. Elle peut se réveiller en pleine nuit, pour pleurer d'épuisement ou au contraire, avoir les yeux grands ouverts en plein milieu de la nuit, prête à gazouiller pendant une ou deux heures.
Comme beaucoup ( mais peu l'assume ), nous avons fait chambre à part. Charlotte d'un côté, pour qu'elle puisse dormir et assurer au travail; et d'un autre côté, Amaé et moi, dans la chambre d'ami.e(s) pour l'accompagner dans son sommeil perturbé.
Ma présence à ses côtés, ma chaleur, mes bras pour la contenir lui permet certaines fois de se rendormir sans avoir besoin de sortir la grande artillerie ( entendre par là, marcher, danser, refaire la déco de la maison en pleine nuit … )
Cet épisode m'apprend à lâcher prise. Je n'appréhende plus nos nuits. Je sais qu'elles peuvent être compliquées, et certaines fois parfaites. Je prends chaque nuit comme elle vient. Et j'accepte surtout que ni elle ni moi en sommes responsables.
J'accepte que ce n'est qu'un passage. Je garde en tête qu'Amaé a besoin à ce moment là de notre présence pour grandir, qu'elle a besoin de réassurance.
Je vais pas mentir, il y a des moments, surtout un soir auquel je pense, où je n'en pouvais plus, l'entendre pleurer, se tordre dans tous les sens, transpirer de gigoter et devoir marcher encore et toujours… Ces moments-là, où nous pourrions vendre mère et mère, pour quelques heures de silence et de sommeil.
Et puis finalement, j'arrive à reprendre le dessus, en me rassurant, en me disant que lorsqu'elle se sentira suffisamment en sécurité, elle retrouvera ses belles nuits.
Cette phase de grand chaos aura duré 15 longs jours.
Et quitte à devoir en chier, nous avons commencé à lui proposer son bibi du soir plus tôt. Ce qui n'a absolument rien changé à son heure de réveil du matin : le parfait 4h30.
Mi mars, début du confinement, 4 mois et demi.
Pour des questions de pratique et de réorganisation, nous mettons le lit d'Amaé dans notre chambre, et tant qu'à y être, nous mettons un cododo de mon côté.
Petit à petit, les choses s'apaisent. Le rituel mis en place le soir semble aider son endormissement. Je commence en la mettant en pyjama et en lui donnant son bibi. Au milieu du biberon, Charlotte prend le relais, change la couche et lui donne la fin du bibi dans la pénombre de la chambre, un bisou à tout le monde, quelques bercements ( qui dure plus ou moins longtemps ) et c'est parti pour la nuit vers 22h30.
Il y a encore toujours quelques réveils nocturnes mais ils se font de plus en plus rares.
Amaé dort toujours toute la matinée depuis ses 2 mois ( avec un bibi autour de 7h). Puis, petit à petit, le midi se transforme en 10h... et en quelques jours, en 8h... En 15 jours, elle change complètement son rythme du matin.
Mais ça, la tête dans le guidon, je ne le vois pas de cette façon. J'imagine que quelque chose la dérange l'empêchant de dormir. Alors qu'en fait, elle quitte tout simplement son rythme de nourrisson pour prendre un rythme de petite fille.
Etant donné qu'Amaé n'est ni en crèche, ni chez une assistante maternelle, que nous n'avons aucune contrainte, elle peut évoluer à son propre rythme. Je n'aurai jamais imaginé qu'un rythme puisse changer aussi rapidement, sans le sentir venir.
Je découvre, que ce qu'on peut imaginer acquis avec un enfant ne l'est pas du tout dans la réalité. Et personnellement, il me faut une bonne dose de lâcher prise, pour accepter que toute ma routine mise en place depuis sa naissance s'arrête en quelques jours... m obligeant à repenser mon quotidien.
mi avril : 5 mois et demi
Petit à petit, le bibi du soir est décalé, il est passé de 21h à 20h30 puis 19h30. Et cela n'a toujours aucun impact sur son heure de réveil du lendemain matin : vers 6h30, sauf nuits de rechute avec le traditionnel 4h30, où elle peut se rendormir de suite ou pas du tout.
Nous avons passé une dizaine de jours difficiles. Amaé était grognon toute la journée, impossible de la poser en journée. Ses quelques siestes étaient faites que dans nos bras. Dès qu'on relâchait la pression exercée par nos bras, elle ouvrait les yeux et pleurait.
Après diverses essais, ce qui fonctionne ( pas à chaque fois, il ne faut pas rêver ) en ce moment, après un endormissement dans nos bras, on la pose sur notre coussin d'allaitement. Elle arrive à refaire ainsi quelques siestes de 45min.
Pour l'instant, nous sommes sur ce rythme de sommeil :
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nuit ( certaines fois entrecoupées de petits cris nocturne, joie ) de 20h30 à 6h45
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une sieste de 45 min vers 9h dans son coussin d'allaitement au salon avec moi + certaines fois une petite deuxième en fin de matinée
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Une sieste de 45 min à 13h45 dans son lit, que j'arrive à rallonger de 45 min dans mes bras
9 mai : 6 mois et une semaine
Nous profitons de la fin du confinement, qui signe le départ de ma soeur pour remettre Amaé dans sa chambre. Nous transformons donc son cododo en un lit au ras du sol.
La première semaine est un fiasco, autant pour Amaé que pour moi : De nombreux réveils, des heures à marcher dans les couloirs de la maison pour tenter de la rendormir... Bref, une semaine de pur plaisir. Mais j'imagine que comme pour tout, il faut un temps d'adaptation.
Amaé semble, même c'est sûr... Amaé s'adapte bien plus vite que moi.
Elle s'endort sur les coups de 20h, il lui arrive certaines fois de se réveiller vers 4h30 ( son heure officielle depuis le début, rappelez vous ) et de se rendormir d'elle-même.
Pour l'instant, il reste un petit détail qui n'a pas l'air de se recaler comme auparavant : l'heure du bibi.
En cododo, elle le prenait vers 7h. Depuis qu'elle a intégré sa chambre, il est à 5h30. Ce qui, en soit, n'est pas un problème, vu que par je ne sais par quel miracle, Amaé redort après son bibi dans notre lit jusqu'à 8/9h. Tout ça me semblerait bien plus dramatique si je devais me lever pour aller travailler. Je mesure chaque jour la chance que j'ai.
Par contre, ce qui est actuellement problématique, c'est mon sommeil. Je n'arrive pas à m'endormir. Je me réveille au moindre bruit, bloquant sur la caméra… Il va me falloir du temps…
Pour ce qui est des siestes : on tient le bon bout aussi. Elle commence à être calée ( jusqu'à quand ? ).
Elle dort :
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45 min dans la matinée, avec un endormissement pas très agréable mais rapide. Elle râle beaucoup mais je continue de l'accompagner pour qu'elle s'endorme en lui parlant et en la papouillant, mais on ne marche plus !
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entre 45min et 2h30 en début d'après midi, avec une facilité s'endormissement déconcertante maintenant. Le temps varie selon ma présence. Un cycle de sommeil dure 45 min chez Amaé. Si après son premier cycle, elle ne trouve personne à ses côtés, alors elle se réveille. Donc actuellement, pour le bien de toutes, je reste à ses côtés et j'en profite pour faire des activités calmes ( je peux m'offrir enfin quelques heures de Netflix … ou avancer mes articles ). Je me suis mis en tête de continuer ainsi le temps que cette sieste de 2h soit bien ancrée en elle. Lorsque j'aurai l'impression que ce sera acquis alors on tentera la sieste dans son lit.
Début juin : 7 mois
Après quelques semaines d'adaptation, Amaé arrive à dormir paisiblement dans sa chambre. Elle s'endort vers 20h après son bibi, jusqu'au lendemain 7h/7h30.
Les journées d'Amaé sont de plus en plus rythmées. Elle fait toujours une sieste de 30 minutes le matin, et de 2h/2h30 l'après midi.
Il y'a encore quelques loupés, des endormissements plus difficiles que d'autres. Mais dans l'ensemble, tout le monde dort et récupère de ces derniers mois.
Début juillet : 8 mois
Petit à petit, sans raison apparente, Amaé a commencé à se réveiller 30 min après son endormissement de 20h. Une longue bataille s'engage donc chaque soir pour la rendormir. Le cododo ne lui suffit pas. Il faut marcher … marcher … marcher. Malgré sa fatigue évidente, elle lutte, se frotte les yeux, râle de plus en plus fort, se tortille dans tous les sens. Avec de la chance, elle se rendort vers 22h30, mais certains soirs, tout ça peut durer jusqu'à 1h du matin.
J'imagine, j'espère, que tout ça repartira aussi vite que c'est venu …
Comme prévu, les choses sont rentrées dans l'ordre. Certaines fois l'endormissement peut être plus long que d'autre, mais généralement, la chaleur de l'été et les moustiques y sont pour beaucoup !
Mi aout : 9 mois et demi
Régression des 9 mois nous voilà ! Entre la régression, la fin des vacances, le retour de l'adaptation chez nounou, le stress de ma reprise ...
J'ai l'impression de retrouver mon bébé de 4 mois. L'endormissement est plus ou moins chaotique, les siestes folckloriques, et les nuits hachées.
A 15 jours de ma reprise, nous revenons à des nuits avec 3 ou 4 réveils nocturnes, qui finissent généralement en cododo dans la chambre d'amis. Elle peut avoir des phases d'éveil d'1h30 en plein milieu de la nuit.
C'est donc pleine d'appréhension que je me dirige vers la reprise du travail.
Début septembre : 10 mois
Nuit de dimanche à lundi, nuit de ma reprise. Amaé dort.
Ca va donc faire une semaine qu'elle dort de 20h à 7h sans interruption.
Que ça dure !!!
Affaire à suivre...